Près des vignes, le cocon familial

par Trifina Sanson, étudiante en L1, ENSA Nantes

12 Mars. 20H. Comme tous les jeudis soirs, je me trouve encore à l’école, prête à jouer de la musique avec mes camarades fanfarons. C’est alors que je reçois un appel de ma maman. « Les établissements scolaires vont fermer d’ici peu »… C’était donc vrai. Le virus, comme une armée d’immenses nuages noirs, s’est déployé à vitesse grand V, ignorant les frontières et traversant les océans ; il a assombri les territoires.

Le lendemain, dans l’après-midi, je rentre chez mes parents, la tête ailleurs. J’ai mille questions sans réponses dans la tête. Quand retournerai-je à Nantes ? Vais-je devoir suivre des cours par correspondance ? L’ampleur de ce virus marquera t-elle l’Histoire ? Des semaines plus tard, tout s’est mis en place autour d’une routine difficile et inquiétante. Tous les soirs, à la télé, c’est le même refrain. : « Il y a eu des morts, et il y en aura encore ».

Ma famille et moi sommes tous réunis sous le même toit, dans la maison familiale. Sûrement sommes-nous plus forts, tous ensemble. Le beau temps nous aide à positiver. Cette météo favorable nous permet de profiter de notre extérieur. Confinés, nous le sommes, et nous le resterons jusqu’à ce que nous ne soyons plus un danger pour les autres, et vice-versa.

Trifina Sanson, plan habité, avril 2020

Se ré-approprier le jardin familial

par Alban Samalbide, étudiant en L1, ENSA Nantes

Au revoir la petite chambre étudiante de 18m2 à Nantes, retour à la maison à Montlouis sur Loire, c’est le début du confinement.

Je reviens vivre ici mais je ne suis pas vraiment parti de cette maison, j’y rentrai la plupart des weeks ends pour revoir ma famille et mes amis. Quand on vit tous les jours avec sa famille on ne se rends plus compte à quel point c’est agréable d’avoir quelqu’un avec qui discuter, avec qui manger etc..

Mais quand je suis parti pour habiter à Nantes, tout seul dans un petit appartement, j’ai repris conscience de combien c’était important ses moments ensemble. Je me suis rendu compte que c’était fini la vie de famille à 4, qu’ils n’étaient plus que 3 et que mon frère allait partir aussi dans quelques années.

Comme tout ce qui se termine, on se demande si l’on en a assez profité, on aimerait en avoir encore un peu.. Et visiblement dans la vie il y a des joker. Ce confinement est une bonne occasion de profiter de ses proches, je repasse du temps avec mon frère, mes parents et j’en profite le plus possible.

J’ai la chance d’’avoir un jardin, bordant la maison de verdure, dans lequel je peux profiter du beau temps, sortir et ma maison est assez grande pour qu’on ne vive pas les uns sur les autres. tout en permettant une proximité et une vraie vie de famille.

Alban Samalbide, photographie, avril 2020

Ré-investir la maison familiale

par Samuel Rouleau, étudiant en L1, ENSA Nantes

Cela fait quatre ans que j’ai quitté le foyer familial, j’en suis parti au lycée puisque que je devais intégrer un internat dans le Jura. Il faut savoir qu’il y avait des tensions régulièrement dans lesquels j’étais au centre. Je ne rentrais que pour les vacances ou pour certains week-ends. Je me suis donc habitué à cette distance entre ma famille et moi.

Au début, malgré le fait que la maison de mes parents est bien plus spacieuse que mon appartement, je n’étais pas très enjoué à l’idée d’être confiné avec ma famille pendant une durée indéterminée. Alors bien sûr, il est agréable de retrouver sa famille après un certain temps, mais j’avais quand même cet a priori en tête.

Mais sans doute grâce a la prise de maturité de ma sœur et moi-même et au fait qu’au vu d’une période difficile, les gens ont tendance à faire plus d’effort que d’habitude, il y a eu très peu de tension depuis le début de ce confinement. Nous avons aussi pas mal changé nos habitudes, surtout dans le cadre de l’alimentation. Il n’y a dorénavant qu’une personne qui fait les courses pour toute la famille et quand elle rentre, on nettoie les produits avant de les ranger.

Samuel Rouleau, dessin, avril 2020

Vivre à deux pour la première fois

par Emilie Le Ny, étudiante en L1, ENSA Nantes

Cette situation de confinement est particulière autant dans le fait de ne pas pouvoir sortir de chez soi que de devoir vivre avec une nouvelle personne. En effet, pour ne pas rester confinée seule à Nantes mon compagnon m’a rejoint et nous vivons donc ensemble pour la première fois pendant cette quarantaine. Il faut alors s’habituer à voir l’autre toute la journée et à adapter ou changer des habitudes pour que cela convienne à tout le monde. Vivre à deux c’est aussi pouvoir se supporter en faisant des efforts pour se parler et pour faire des choses ensemble comme seuls chacun de son côté. Les deux chats, eux, ont l’air plutôt heureux d’avoir leurs maîtres à l’appartement toute la journée car cela se traduit en affection et en miaulement.


Nos journées se ressemblent toutes et sont rythmées principalement par le travail puisque nous sommes tous deux en études à distance ce qui est compliqué car nous fonctionnons uniquement avec le réseau de nos forfaits de téléphones. Lorsque nous ne travaillons pas nous rangeons car l’appartement s’encombre plus facilement, nous faisons les tâches ménagères plus fréquentes elles aussi (ex : vaisselle) et nous nous accordons des temps de loisirs avec des jeux vidéos, des films ou séries et parfois des jeux de société.

Emilie Le Ny, dessins, avril 2020

Penser et re-penser le studio

par Du Minh Khoi Le, étudiant en L1, ENSA Nantes

Je viens de déménager dans cet endroit il y a 2 mois de
mon ancien endroit où je vivais avec 2 autres
colocataires pour trouver plus de liberté et de calme
pour mon esprit. Avant cette période, je trouve parfait de
vivre dans ce studio car il est bien équipé,
l’emplacement est pratique, je peux vivre
confortablement par moi-même sans aucune
distraction. Je passe généralement la plupart de mon
temps à l’école du début jusqu’à la nuit et j’utilise
principalement cette pièce pour me détendre.

Cependant il y a un gros changement pendant le
confinement, je dois rester dans le studio 24h / 24 et 7j
/ 7 ce qui est relativement petit pour un endroit où
passer toute la journée, je n’ai aucun contact direct avec
qui que ce soit depuis longtemps ce qui me donne de
l’anxiété, le seul manière que je peux rester en contact
avec les gens est via mon ordinateur ou mon portable,
mais ils sont surchargés car je dois aussi les utiliser
pour les cours en ligne et les devoirs. Je ne pouvais que
passer de mon lit à la table ou à la cuisine qui se trouve
essentiellement dans une seule pièce. Ce petit espace
de vie m’avait donné beaucoup de sentiments négatifs
presque comme en prison pendant cette période et j’ai
tendance à tuer mon temps avec des choses inutiles sur
Internet et à être déprimé. Cependant, il y a encore des
activités qui me font me sentir plus utile, c’est d’aller au
marché, c’est la seule fois où je peux sortir de cet
espace et faire mes devoirs.

Du Minh Khoi Le, perspective habitée, avril 2020

Vivre ensemble dans l’isolement

par Gabriel Launay, étudiant en L1, avril 2020

je suis chez mes parents ce qui me permet de profiter d’une grande
maison avec jardin et d’éviter la solitude.
Avant tout, je mange. Et pas seulement parce que j’ai plus le
temps de cuisiner.
Sur les réseaux sociaux, sont nés des groupes qui font des
propositions sur la manière dont on peut passer le temps
utilement; je me suis inscrit à tous, et, après quelques jours, je
me suis rendu compte que je n’avais pas le temps de
m’ennuyer. J’ai sorti de mes étagères Voyage au bout de la
nuit de Céline, mais je n’avais pas vraiment envie de le lire.
Je mange.
Je dors mal.
Ma vie sociale n’a jamais été si palpitante, entre skypéros,
Netflix partys et FaceTime groupés, le tout depuis mon lit. Car
oui, malgré tout l’espace que j’ai dans ma maison je passe le
plus clair de mon temps au lit, à dormir, à travailler, à penser, à
manger…
Je me demande comment ça se passe pour ceux qui ne
peuvent pas rester à la maison, parce qu’ils n’en ont pas.
Je me sens flotter dans un monde irréel quand je sors faire
des courses dans des rues vides. Je sors le moins possible de
ma maison, de ma chambre, de mon lit.
Je me demande si c’est comme ça que s’effondrent les
sociétés, si vraiment ça se passe aussi vite.
Je mange.
Je rigole, beaucoup, avec mes parents, avec mes amis en
ligne, en regardant la toile développer un humour sarcastique,
à se pendre.
Je pense à la planète qui respire à cause de la diminution de
nos activités. Je ne sais pas si j’assiste à la naissance du
monde de demain qui sera merveilleux ou misérable.
Les cours en ligne sont insupportables. Il n’y a plus de
frontière physique entre le travail et le repos. Je passe mes
journées à travailler mais à la fin d’une journée je n’ai rien
produit.
Je pense au fait qu’être enfermé dans une maison avec jardin
ou dans un immeuble populaire surpeuplé : non, ce n’est pas
la même chose. Ce n’est pas la même chose non plus que de
pouvoir travailler depuis chez soi ou de perdre son travail..
Je mange.

Gabriel Launay, photographies, avril 2020

Ré-apprivoiser son logement

par Jeanne Landron, étudiante en L1, ENSA Nantes

Dimanche 19 avril, nous sommes confinés depuis un mois. La période est particulière c’est sûr mais, voilà, je m’étais faite à l’idée que je retournai chez mes parents pour deux semaines. D’accord pas de possibilité de sortir et il allait falloir mettre en place les cours à distance mais la pilule était avalée.
La maison est grande, spacieuse, avec un jardin et le printemps arrive, quinze jours ça ne doit pas être si terrible.
Mais voilà, nous seront confinés deux mois, et, plus les jours avancent et plus l’espace se rétrécie, je n’ai pas mis les pieds dehors et la sensation d’enfermement commence à se faire sentir.
Finalement c’est assez particulier de devoir travailler dans un espace qui maintenant, est synonyme de vacances, repos et de vivre quotidiennement dans un espace qui ne m’est plus vraiment propre, mes affaires ne sont plus là, seuls ma valise pour quinze jours et mes affaires d’école m’ont accompagné. J’ai réussi tout de même réussi à apporter ma machine à coudre mais il est compliqué de concilier travail et loisirs.
C’est marrant comment on réapprend à vivre dans notre logement, même après quinze ans à y habiter ce sont des périodes comme celles-ci qui nous font redécouvrir l’espace. Il est notre petit monde à nous pendant toute cette période et on se doit de le ré-apprivoiser. C’est un des côtés positifs je dirais, on passe de bons moments en famille et on (re)découvre nos espaces les plus proches.

Jeanne Landron, bande-dessinée, avril 2020

Confinée dans une famille qui n’est pas la mienne

par Aizada Kopzhasharova, étudiante en L1, ENSA Nantes

Ce temps particulier je passe chez une famille d’accueil. Je les ai rencontrés par l’annonce.


Ils louaient une chambre et moi, je cherchais justement un logement. Mais ma présence ici ne se limite pas seulement par le rôle de locataire, j’ai également le droit de participer dans la vie quotidienne de la famille.
C’est un couple de médecins Caroline et Christian avec 4 enfants : 3 fils (Arthur, Edouard et Léopold) et une fille (Louise). Ils font tous leurs études supérieures dans les autres villes de France et d’Europe, excepté le cadet, qui va encore à l’école ici.

Au début du confinement les enfants ont commencé à rentrer. Tout le monde a pu retourner sauf la fille. Elle est restée en Italie. On est devenu nombreux. Auparavant, il y avait 4 personnes à la maison : moi, le fils cadet et les parents. Maintenant, nous étions 7 : les parents, le fils ainé avec sa copine, deux autres fils et moi.

Aizada Kopzhasharova, plan habité, avril 2020

La cohabitation au milieu des pins

par Dorian Kérivel, étudiant en L1, avril 2020

Nous sommes rentrés à la maison le vendredi soir, comme d’habitude
Mais nous savons que tout n’est pas pareil
Nous ne serons pas en cours lundi
Ni la semaine d’après
Nous ne savons pas quand tout cela reprendra au final
Quand est ce que tout cela sera fini, quand nous serons débarrassés de cette situation


Cela ne fait que commencer.


15 jours de confinement
Total. Pas de sorties, les plages fermées
Mais on sait que cela ne va pas s’arrêter là

On compte les jours, puis on s’y perd
5 semaines passées maintenant. Plus ou moins 40 jours
C’est du jamais vu, nous avons tous du mal à réaliser.


La nouvelle tombe
Nous ne retournerons pas à l’Ecole ce semestre


Quand l’état du monde l’empêche de tourner
Et que ça ne s’arrangera pas

Mince lueur d’espoir, la nature qui prend de l’espace sur l’absence de l’homme


Et nous sommes encore confinés…

Dorian Kérivel, photographies, avril 2020

Ensemble dans 18m2

par Oumou Keita, étudiante en L1, ENSA Nantes

Zeynab et moi, nous avons un quotidien presque similaire et répétif chaque jour, on se lève pas tôt, au plus tard 12h et c’est Zeynab qui se lève en première, ouvre le store pour me réveiller de façon indirecte, lorsque la lumière du jour pénètre et envahi toute la pièce puis elle me devance pour faire sa toilette pendant que je traine dans le lit.

Une fois fini c’est à mon tour de faire ma toilette après cela, je la trouve déjà prête pour commencer à travailler puis je fais de même et c’est parti pour 3 h d’études .
On se retrouve à 15h pour faire le déjeuner et manger directement après avoir fini, cela nous prends généralement 1h ou 2 h de discussions et le plus souvent c’est sur ce que nous devons cuisiné, oui il nous arrive d’être en manque d’inspiration pour cuisiner. Au final on mange à 17h et on fait une sieste pour reprendre le boulot de 19h à 3h du matin chacun de son coté vue qu’on a pas les mêmes devoirs.

Oumou Keita, photographies, avril 2020