par Zoëline Gallay, étudiante en L1, ENSA Nantes

Cet espace appartenait plutôt au passé et à mes années d’adolescence redevint un lieu qui appartenait au présent, un espace vivant. Vivant par l’immuabilité des objets qui caractérisaient en ce temps si particulier de confinement le passage de l’un d’entre nous, l’usage de cet objet à un moment précis qui n’était plus.

Les objets menaient alors en ces temps une valse inhabituelle. Une valse en trois temps. La matin chacun de nous s’affairait dans « son coin » tandis que la fin d’après-midi annonçait plutôt un retour de nous trois dans la salle à manger. Le midi chacun retournait avec sa tasse de café ou de thé à ses activités, et nous nous retrouvions lorsque ma mère criait « le thé est prêt! » dans la salle à manger. Cette pièce devint le seul lieu partagé par nous trois, et devint ainsi le témoin des activités de chacun.

Mais chacun était également le spectateur de l’autre. Tous les trois nous marquions notre territoire par les objets que l’on égarait, parsemait ici et là et devenaient ainsi le spectacle de notre cohabitation. Plus rien n’était vraiment à sa place, comme si les objets n’avaient plus besoin d’être rangés car ils témoignaient d’une histoire, d’une temporalité, d’un usage. Les objets s’égrenaient au fil du temps, étaient souvent déplacés par chacun de nous, souvent trois fois, avant de retrouver leur espace initial. Une valse à trois temps marquait le temps, le temps du confinement.

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