Archives par mot-clé : applaudissements

Carnet d'observation micro-logement

Faire de la chambre étudiante son “chez-soi”

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par Mélissa Comoe, étudiante en L1, ENSA Nantes

Une chambre étudiante n’est pas un espace destiné à être investi toute une vie. C’est un espace de passage, de transition. Toutefois, pour s’y sentir comme le “chez soi” tant aimé, il nous arrive (et on le fait même très souvent) de le modifier, de le façonner à notre image le temps d’un instant, le temps de nos études. Il n’est pas permis de réaliser de grands changements dans la chambre, de percer un mur… Le meilleur moyen était donc pour moi l’usage de photos. Les photographies ont pour moi beaucoup de sens: elles sont un moyen efficace de figer dans sur un papier un souvenir, un moment. On peut tout prendre en photos : des personnes, des lieux, et à des moments différents. Dans ma chambre, on retrouve des photos de ma famille, des photos et des symboles de mes voyages…Tous ces éléments s’inscrivent dans ce qui est de plus importants pour moi : les souvenirs. Ils permettent de retracer d’où l’on vient et de déterminer où l’on va. Et tout ceci n’est possible que par ce que l’on fait à l’instant présent.

Mélissa Comoe, photographies, avril 2020
carnet d'observation six pièces et plus

La vie de famille

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par Amy-Aïcha Coly, étudiante en L1, ENSA Nantes

Trop de lumière. Je me retourne, mais toujours trop de lumière. Et le bruit ! Il est quelle heure ? Huit heure. Aller, on se réveille et un peu de lecture au chaud. Ah ! J’entends le générique de « Lumni House » — c’est le petit surnom que Coco et moi avons donné à l’émission « La Maison Lumni » — ça veut dire qu’il est neuf heure. Je me redresse. Les deux oreillers vont derrière moi pour que ça soit plus confortable. Je prends mon ordinateur et je travaille jusqu’à l’heure du cours.

Ah ! C’est enfin fini ! C’est l’heure de prendre une bonne douche chaude, j’attendais ce moment avec impatience. Je mets mes chaussons et je traverse le hall pour aller à la salle de bain. J’enlève mon pyjama et je m’agenouille dans la baignoire. Depuis qu’on a emménager, pour gagner du temps le matin, Mom et Sarou se douchent dans la douche pendant que Coco et moi, on se douche dans la baignoire. Dad se douche dans la salle de bain du bas. Je suis contente, parce que c’est mes deux seules heures de pause de la journée. Un des avantages de passer toute la journée à la maison, c’est que je me lave le visage beaucoup plus régulièrement ! D’habitude, c’est matin et soir, mais là, j’ai trop de travail, alors je ne le fais pas trop le soir… Quand je suis à la douche, je peut voir toute la salle de bain et je suis très bien éclairée par la fenêtre. Quand il fait beau, il y a plein de lumière, et comme je ne suis pas pressée pendant deux heures, ça me fait penser aux jours d’été. Je sors et je m’essuie, pied nus sur le tapis. Pour aller me crémer, à côté de mon lavabo — on a aussi désigné qui se mettait à quelle lavabo, Coco et moi à côté de la fenêtre, Sarou et Mom à côté de la porte —, je doit mettre mes chaussons et traverser la salle de bain en descendant les deux marches. Je retourne à la baignoire pour prendre mes habits et je descends.

Amy-Aïcha Coly, photographie, avril 2020
Carnet d'observation trois pièces

Avec ma mère à Nantes

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par Malika Halimbekova, étudiante en L1, ENSA Nantes

Depuis le début de ce confinement on remarque un changement dans nos appropriations et nos usages de l’espace habité. On n’a jamais passé autant de temps chez nous que maintenant.


Dans le ménage, on remarque que nos rôles deviennent plus flous, on se partage beaucoup plus les tâches ménagères, je fais plus de cuisine et ensemble on fait également pas mal de bricolages, quelques rénovations
qu’on repoussait toujours à plus tard. De plus le sport est devenu indispensable, tous les matins, ce qui n’arrivait jamais pour ma mère, et ce qui nous à mener à aménager plus de place.

Aussi, comme il n’y a plus d’invités et qu’on ne sort plus on passe beaucoup plus de temps devant la télé à regarder des films ou de plus en plus à trouver quoi regarder de nouveau. Je mets aussi beaucoup plus souvent de la musique qu’avant dans le salon et non pas juste dans ma
chambre. Le balcon est très utilisé également pour prendre le soleil, passer des appels ou bien applaudir à 20h les services médicaux avec les voisins. On essaye de varier les usages, j’ai recommencé à lire, fait de la
couture, ma mère travaille aussi sur son français en lisant et en faisant des dictés. Enfin notre temps devant les écrans a considérablement augmenté pour les études.

Malika Halimbekova, plan habité, avril 2020
Carnet d'observation cinq pièces

Dans l’appartement familial à Lyon

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par Pierre-Jules Gagnière, étudiant en L1, ENSA Nantes

Le confinement me plonge également dans une sorte de retour en arrière dans ma vie « d’avant ». Celle avant mes études, avant Nantes, celle au sein du logement familial avec mes sœurs, mes parents, mon chien. Celle-ci est d’autant plus brutale que nous nous retrouvons tous et ce 24h/24, 7j/7 à devoir mener des activités souvent isolées et indépendantes mais au sein d’un même lieu, notre appartement. Il ne s’agit donc pas d’un long week-end prolongé pour une durée indéterminée mais d’une nouvelle situation inconnue encore qui nous oblige à recréer une routine pour s’adapter à cette période.

Ainsi, je me lève moins tôt qu’habituellement, souvent vers les 9 heures, et ayant moins de cours magistraux, j’ai la « liberté » de pouvoir organiser mes journées et ma semaine comme bon me semble. Malheureusement cette apparente souplesse se révèle néfaste puisqu’il m’est difficile de m’imposer des horaires de travail et d’être complètement satisfait de celui-ci. Je me retrouve ainsi à travailler toute la journée et parfois même jusque tard en soirée. Mais ce confinement n’a pas que de mauvais côtés. En effet, l’envie de partager de bons moments et de s’occuper durant cette période parfois difficile nous a poussés à instaurer une pratique familiale : nous devons tous, chaque jour et à tour de rôle, cuisiner un dessert pour le savourer en famille le soir venu.

Pierre-Jules Gagnière, plan habité, avril 2020
Carnet d'observation micro-logement

Le bureau et la fenêtre

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par Charles-Pascal Pioffet-Ettori, étudiant en L1, ENSA Nantes

Je passe 90% du temps ou je ne dors pas devant mon ordinateur, et mon bureau a changé un peu depuis le début du confinement. Avant le confinement, il était plutôt vide. Mais maintenant il est assez bordélique, avec tout ce que je pourrai avoir besoin dans une journée, cela va de mon mon casque audio, à mon téléphone qui est tout le temps en charge, jusqu’à mon livre d’anglais, ou encore de quoi boire…


Un autre fait intéressant, c’est que le reborde fenêtre est épais, ce qui me permet aussi de pouvoir poser des choses dessus, ce qui agrandie le bureau, j’y pose mes trousses, mes cours, et le matériel utile, pour travailler. Mon bureau est vraiment organisé pour que je puisse avoir tout à porter de main quand je le veux.


Pendant les périodes de repas, je cuisine debout avec une vidéo et je mange sur le bureau, et j’enlève et décale, certain objet, du coté du bureau qui est contre la fenêtre. Le but est de gagner de la place pour poser mes couverts et mange.


Partons rêver un petit peu. Le soir avant d’aller me couche vers 3h de matin je prends souvent un temps pour penser, en regardant dehors, je trouve que la nuit est vraiment bien pour ce posé. J’ouvre aussi la fenêtre pour regarder, et respiré, un grand coup, il n’y a jamais de bruit ou presque. C’est un peu un moyen de sortir de ce confinement pendant un instant et après pour aller ce couché c’est vraiment plus facile, avec une tête vider de stresse.

Charles-Pascal Pioffet-Ettori, photographies, avril 2020
Carnet d'observation quatre pièces

Un confinement à Madrid

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par Daniel Lozano Sinausia, étudiant en L1, ENSA Nantes

Ainsi, après une réservation de vol express, dans laquelle quatre amis, quelques autres espagnols et moi-même, étions en voyage, je suis arrivé à Madrid.


Il est vrai que peu importe le temps que vous passez loin de chez vous, une fois que vous revenez, c’est comme si vous n’étiez pas parti, et c’est ainsi. Le jour où je suis rentré à Madrid à cause de la situation confinée, c’était un peu étrange, un sentiment à deux endroits à la fois, dans l’esprit à Nantes et dans le corps à Madrid. Je ne pouvais pas croire que j’étais ici à cause des circonstances dans lesquelles je me trouvais, et encore moins que la seule chose que je verrais de ma ville dans les semaines à venir serait la marche de l’aéroport à chez moi. Mais une fois entré, j’ai senti que je n’étais pas parti, que tout ce que j’avais vécu était un rêve; je vois tout pareil, au même endroit, la même décoration et même ma famille comme quand je suis parti, et je pense que tout cela n’était qu’une imagination.


Mais au bout de quelques jours, vous prenez davantage conscience de la situation, de l’endroit où vous vous trouvez et des personnes avec lesquelles vous êtes, même si cela vous donne des idées sur l’endroit où vous seriez ou sur ce que vous feriez à ce moment-là si cela ne s’était pas produit.

Daniel Lozano Sinausia, plan habité, avril 2020
carnet d'observation six pièces et plus

Profiter d’être ensemble

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par Gaspard Violleau, étudiant en L1, ENSA Nantes

Cette situation inédite de confinement a créé quelques changements au sein de notre espace d’habitation. En cette période exceptionnelle, je suis revenu chez mes parents le vendredi soir comme habituellement quand je rentre chez eux pour le week-end, après ma semaine de cours à Nantes. J’avais prévu de rester plus longtemps que d’habitude étant donné le premier discours de Macron sur la fermeture des établissements scolaires, en conséquence j’avais pris plus d’affaires et le minimum de matériel dont j’aurai besoin. Je ne pensais pas que cette période allait durer aussi longtemps, et je me suis rendu compte après quelques jours que j’avais oublié à Nantes de nombreuses affaires. Ce lieu de confinement est notre maison familiale, c’est un espace de vie plus grand et plus confortable que mon appartement à Nantes, c’est pour cela que j’ai choisi de m’y confiner, mais aussi pour ne pas me sentir isolé.


Lors de ce confinement, il y a eu quelques changements d’habitudes pour les membres de la famille. Mon père, continue à travailler mais seulement le matin pour effectuer les domiciles de ses patients. Ma mère, elle est en chômage partiel, elle s’occupe donc de nous. Mes parents trouvent aussi donc occupations car ils n’ont jamais autant de temps (s’occuper du jardin, faire des travaux dans la maison, lire, ranger…). Pour mes frères et sœur et moi, on doit suivre nos cours en télétravail, on s’est donc habitué à partager notre espace de travail, et à s’aider mutuellement.

On passe donc plus de temps tous ensemble, et notre adaptation au confinement c’est fait rapidement.

Gaspard Violleau, photograhies, avril 2020
Carnet d'observation cinq pièces

La vie séquencée

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par Jean Thomas, étudiant en L1, ENSA Nantes

Quand je sors courir : après m’être changé dans ma chambre je descends emprunter sa montre à mon frère. Je récupère mes papiers d’identité au-dessus des clefs, je remplis mon attestation posée sur le banc puis je sors.

Quand je rentre après avoir couru : je sonne à la porte, mon petit frère m’ouvre, je lui rends sa montre, je vais me laver les mains et boire, je pose mes papiers dans le corridor et je monte me doucher.

Quand mon père va marcher le soir : il prend ses clefs et ses papiers, il va prévenir ma mère qui lit dans le salon, remplit son attestation et sort.

Bien que nous sortions moins et avec plus de précautions les séquences et façons de sortir de la maison n’ont pas vraiment évolué : ne s’est rajouté que le passage obligatoire de l’Attestation de Déplacement Dérogatoire. De plus toutes les séquences d’entrée de chacun d’entre nous passent désormais par le lavage consciencieux des mains. Et souvent, après des courses en grande surface par le changement intégral des vêtements, voire une douche.

Jean Thomas, plan séquencé, avril 2020
Carnet d'observation deux pièces

Décider de rester ensemble à Nantes

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par Julia Roivas, étudiante en L1, ENSA NANTES

Avec mon copain, Clément, nous avons décidé de passer le
confinement dans notre appartement à Nantes. Le choix était
de rester à Nantes ou aller chez le père de Clément à
Limoges pour passer le confinement dans une maison avec un
jardin. Mais à la fin nous avons pensé que passer des
semaines fermés quelque part va être plus confortable chez
nous avec nos affaires et en tout tranquillité. Le confinement a
bouleversé notre quotidien. Pendant ces semaines nous sortons
une fois par semaine pour faire nos courses et cette petite
sortie est presque devenue le meilleur moment de la semaine.
Nous essayons garder le contact avec nos amis et nos proches
par des appels vidéo ou encore en jouant des jeux de société
en ligne avec eux.


Nous pouvons bien voir l’effet de confinement dans notre
appartement. Déjà par de petits détails comme les sacs de
poubelle des déchets recyclables que les gestionnaires de
notre immeuble ont demandé de garder chez nous car ils ne
sont pas collectés pour un moment. Ou encore par la table de
cuisine qui s’est transformé en espace de rangement car nous
mangeons tous nos repas au salon. Le travail à la maison a
aussi changé nos habitudes. Moi j’ai passe mes journées sur
mon bureau dans la chambre pour étudier et Clément passe
son temps sur le canapé du salon.


Le confinement nous a aussi fait trouver des nouveaux passetemps comme le jardinage. Nous faisons pousser des légumes
et des herbes sur notre balcon et dans le petit potager que
nous avons dans le jardin partagé de l’immeuble. Le seul
point positif du confinement : il nous a permis de rencontrer
nos voisins et passer quelques moments agréables avec eux
dans le jardin. En respectant les distances bien sûr !

Julia Roivas, plan habité du T2, avril 2020
Carnet d'observation quatre pièces

Un confinement dans le sud-est

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par Entsa Riofrio, étudiante en L1, ENSA Nantes

Le 15 mars, je monte dans le train, c’est avec chance que j’y parviens. Tout à coup, tout semblait s’arrêter progressivement, les activités cessaient petit à petit, le regard vide des gens s’intensifiait progressivement, ils ne se regardaient pratiquement plus. Au jour d’aujourd’hui, c’est toujours le cas, la peur règne dans les yeux, ils n’osent plus communiquer, ils baissent la tête, ils s’ignorent et passent outre. Tout cela nous paraît étrange pour nous qui aimons partager avec les autres, nous trouvons que cet événement modifie certaines mentalités et comportements, les personnes ne se considèrent plus.

A la maison, nous sommes quatre. Ma mère travaille pour une marque de
vêtements espagnole en faisant du télétravail et en voyageant de temps en temps et, depuis cet isolement, elle continue de faire du télétravail mais en chômage partiel à 50% étant donné qu’elle est la seule de l’entreprise à pouvoir faire l’intermédiaire entre la France et l’Espagne, tout cela sans se déplacer. Depuis le confinement, elle ne peut plus voyager et reste tout le temps à la maison, cette situation ne la change pas d’environnement de travail habituel, la nouveauté est qu’elle a ses enfants à ses côtés toute la journée.


Mon frère, que l’on surnomme Titi, est à sa quatrième année du collège de notre commune, située à 5 minutes en voiture. Il passe ses journées en cours et la plupart du temps il est avec notre mère, parfois il va chez notre père. Malgré leur divorce, nos parents s’entendent bien, ils se mettent d’accord pour passer du temps avec nous et se partagent la garde en fonction des déplacements de notre mère. En ces temps, c’est notre père qui vient nous voir, environ une fois par semaine.

Entsa Riofrio, Croquis, avril 2020